Deuil express by Dard Frédéric

Deuil express by Dard Frédéric

Auteur:Dard, Frédéric [Dard, Frédéric]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1954-11-09T23:00:00+00:00


CHAPITRE XI

Les nuits sont fraîches

Rue de Liège, 89 !

L’immeuble est honnête, confortable. Dire que ce truand créchait là ! Maintenant, on ne peut plus se fier au standing d’un mec !

Les caïds se mettent à habiter Auteuil et à avoir des comptes en banque… Et des terreurs au bidon comme Almayer s’offrent des appartements pépères dans des immeubles pour sous-chef de cabinet !

J’appuie sur le timbre actionnant l’ouverture de la porte. La concierge ronfle ou elle est allée faire une partie de main chaude chez le colonel en retraite du dessus ; en tout cas, sa loge est aussi vide que le slip kangourou d’un eunuque.

Je peux me passer d’elle, puisque je connais l’étage qu’habitait feu Fred.

Ouvrir les lourdes bouclées a toujours constitué mon talent de société n° 1. Ça, vous ne l’ignorez pas.

Je pénètre dans un studio salement ravagé.

Tout a été pillé, éventré, mis en miettes. On dirait qu’un régiment de Mongols a bivouaqué céans, avec mission de découvrir une dent en or.

Les mecs qui sont venus fouiller ici devaient être diplômés par la faculté de fric-frac de leur patelin !

Jamais je n’ai vu un champ de bataille pareil ! Il ne reste rien d’entier. Le moindre objet a été brisé… Un vrai délire, je vous l’annonce !

J’en reste baba. J’ai déjà vu des appartements perquisitionnés, mais là c’est plus de la perqui, c’est le gros vandalisme.

J’enjambe des fauteuils éventrés dont les ressorts jaillissent comme des entrailles et je fouinasse. À première vue, on pourrait croire que ce branle-bas est le boulot d’un sadique soucieux de tout pulvériser ; pourtant, en y regardant de plus près, je constate que le mec a agi scientifiquement. Il ne voulait pas briser pour briser, mais pour mettre à nu des parties secrètes. Conclusion : il cherchait quelque chose, et ce quelque chose ne devait pas être gros, puisqu’il est allé jusqu’à dévisser le socle de l’appareil téléphonique.

Pas la peine de prendre la succession du zigoto. Un attila pareil ne laisse rien à glaner.

Je regarde une dernière fois le papier de la tapisserie lacéré, les lames du parquet arrachées, les vases pulvérisés. Beau boulot !

Je quitte l’appartement.

Je freine devant la loge de la concierge. Une courte hésitation, puis je frictionne sa porte de mon poing replié.

Je tabasse comme ça une ou deux minutes. Enfin, une lumière suinte.

Une brave dame en bigoudis, qui va courageusement sur ses soixante ans, me demande si je suis saoul ou si j’ai la danse de Saint-Guy.

— Vous frappez pas ! annoncé-je.

— C’est vous qui frappez ! rétorque-t-elle.

Décidément, je ne rencontre que des gens qui ont de l’esprit, ce soir. Je souris, afin de lui donner l’impression que son jeu de mot enrichit le patrimoine spirituel de notre beau pays.

— Dites-moi, petite madame, veuillez jeter un regard à ce morceau de carton…

Je lui tends ma carte.

Elle se penche dessus comme un collectionneur de papillons sur un coléoptère d’une espèce inconnue.

— Po… li… ce…, épelle-t-elle.

Elle se redresse.

— J’ai pas mes lunettes, s’excuse-t-elle. Alors, vous êtes flic ?

— Oui…

— Y a



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